du côté de chez wan

pp a 16 ans, elle s'habille et se maquille à la manière d'une pop star r&b : peau bronzée, cheveux teints, cils surlignés et tenue voluptueusement sexy. mini mignonne. elle va à l'école à une heure et demie d'ici, et ce n'est même pas à Paris. ses amis de banlieue, ce sont quelques asiatiques, mais surtout des africains, arabes et portugais. parmi ces derniers, hommes maçons et femmes de ménage. bien qu'elle semble parfaitement bilingue français-cantonais, elle me fait remarquer qu'il existe différents niveaux de langue. elle se déclare nulle en orthographe. le français, c'est une langue fièrement difficile.

m. wan rentre chaque soir en sifflant à 0h12, mange des restes de la cuisine, puis monte se laver et se coucher avant le départ matinal du lendemain. c'est ça, les restos chinois. pour lui, nous deux accros de l'ordinateur, c'est comme un rêve. lorsqu'il rentre tard le soir, il voit la fille fantôme de nuit, tapant sur son petit powerbook au ryhthme de l'horloge toquante. lorsqu'il s'en va tôt le matin, il voit la fille fantôme de jour, tapant sur son petit powerbook dans la tranquillité de l'aube. la différence est que l'une est taciturne en français, et l'autre bavarde en chinois.

mme wan travaille à 5 minutes de la maison en voiture. elle fait partie de la main d'oeuvre manuelle, insertion de cartons dans les magazines, 8 heures par jour, 5 jours par semaine. elle rentre manger à midi et elle fini tôt dans l'aprèm. on la retrouve en début de soirée regardant des mélodrames cantonais à la télé. et pourtant, c'est la maîtresse de la maison qui s'occupe drôlement bien de nous.

dans la maison de St-Thibault, on est gâté par une richesse de fruits : côté salon, pommes, oranges et kiwis achetés au marché ; côté jardin, fraises, framboises, cassis, tomates, vignes de raisins, poirier, figuier, cerisier, et j'en passe. aujourd'hui, les fruits sont verts ; dans quelques mois, ils seront mûrs à manger.

le soir après dîner, mme wan nous conduit chez des amis chinois restaurateurs-traiteurs dans le petit village de Torcy, pour voir si le lieu peut nous servir au tournage. j'adore l'aquarium aux koïs au milieu de la salle, les réverbères et la petite fontaine avec tortues et crocodiles jouets sur la terrace. à l'intérieur, un couple qui fume ; à l'extérieur, une famille qui mange le huoguo. un restaurant tranquille et charmant tenu par une famille installée en France depuis une vingtaine d'années.

pp dit que les médias français disent toujours que les chinois mangent du chien. bien sûr, cela l'énerve.