diaspora

cela fait 2 jours qu'on est à Paris, on n'a toujours pas mangé français. à la maison, chez la famille qui si généreusement nous accueille, nous nous sommes réunis autour du huoguo convivial le premier soir. depuis nous n'arrêtons pas de manger les restes plus extra du splendide banquet. après le déjeuner de nouilles viêtnamiennes à Belleville lundi aprèm, un bol de hotpot sur la terrace en plein soleil mardi midi, puis un dîner buffet msg à volonté Aux Saveurs d'Asie métro Richelieu Drouot. ce qu'on aime, c'est les boulettes de bananes frites sur des boules de glace au blanc rum-raisin, vert melon et rose fraise. ce qu'on a appris, c'est que le doux rosé Bandol produit du sud de France arrive à raffiner les plus vulgaires des mets asiatiques, mais que le jus laiteux du fruit de jacquier est encore mieux. ce qui manque, c'est la glace au thé vert. ce qui reste, c'est ce qui plaît aux gweilos au palais jaunâtre.

de même, on dirait qu'à Paris on ne rencontre vraiment que d'autres chinois. par exemple et par hasard : sur le chemin d'aller en rer, après une demi-heure d'attente à l'arrêt de bus et avant 2 gaffes de métro (bonne direction, mauvaise ligne), déjà en retard pour un rendez-vous avec un compatriote hongkongais à la Porte de Clichy. malgré le roaming, notre carte sim ne marche pas, soit point de communication portable pour prévenir notre retard. j me demande : ça se fait, en France, de demander à un(e) inconnu(e) d'utiliser son mobile ? aucune idée, mais pourquoi pas ? allons-y à l'aventure de la bêtise – après tout, le plus qu'on puisse perdre c'est la face. toute seule je n'ose pas, mais à deux j'en m'en fiche. ainsi, l'esprit espiègle, carnet et pièce d'un euro à la main, je m'approche d'une co-passagère. (c'est moi qui causera, puis c'est j qui lui chopera le sac à main, je pense.) à la troisième victime potentielle, elle acquiesce. après les excuses différents d'une noire et d'un blanc, c'est la chinoise qui m'accepte. par sympathie ou par compatriotisme ? je fais signe à j de venir, pendant que j'entends la voix de la jeune femme accentuée aux délices d'asie : vous êtes chinoise ? j vient prendre le téléphone et parle dedans, en cantonais. la femme repose sa question sous forme linguistique. puis la conversation commence, en mandarin.

elle est chinoise, vit à Paris depuis une dizaine d'années, mariée, un enfant, médecin aux clients particuliers. elle aime la vie parisienne, s'intéresse à nous, nous souhaite un heureux séjour. on ne lui dit pas qu'on vient tourner un film. j lui demande si son mari est français. oh non, pas de français dans la famille, s'exclame-t-elle, on ne s'entend pas sur le même plan. vous êtes ensemble, ça ne va pas, il veut se divorcer. pas comme les chinois, continue-t-elle, qui ont le respect de la famille - je ne pourrais jamais être avec un français, on n'a pas du tout le même point de vue. voilà une vérité récurrente sur les relations franco-chinoises, je pense.

nous avions acheté 3 morceaux de tarte (pommes-rhubarbe-normande) pour sy sans les manger ; nous aurions dû les offrir à t. ce gentil garçon de HK nous accueille dans son petit appartement à la Porte de Clichy, avec 2 chatons venus de Guyane sous des lits superposés, l'espace partagé avec sa copine shanghaïnaise. il est à Paris depuis 3 mois, nous offre des sablés du Mont St-Michel, étudie tout seul le français à partir de multiples méthodes chinoises. je ne parle pas bien français, me dit-il. et pourtant, c'est le cameraman qui a gagné le prix Kodak et travaillé un an en Guyane. on attend avec impatience l'arrivée du chef-op h pour reprendre avec t la collaboration cinématographique.

sur le chemin de retour post-souper à St-Thibaut des Vignes, on prend la route express touristique le long de la Seine au coucher de soleil, conduit par notre cher couple bilingue et bobo qui navigue les quais en Peugeot via GSM parlant.