avant - après avant, j'étais à Hong Kong, je confiais ma tortue à une amie et je quittais mon studio à Causeway Bay - soit 2 ancres de ma sécurité émotionelle et domestique - pour une aventure de 6 semaines dans la ville où j'ai fait mes griffes il y a 15 ans. après, on verra bien ce qui se passe. entre les deux, l'obligatoire voyage à travers le temps, dans ce cas un trajet aérien interrompu par un transit surréel à Shanghai. l'onirisme à caractéristiques chinois se manifeste par service continental dont la plus flagrante épreuve est une double répétition de la routine bureaucratique. arrivée-départ à double tranchant : immigration, douane, douane, immigration, sécurité, enfin. tout ça pour un bol de wanzai suigau ! et surtout qu'ils ne m'annulent pas mon China visa à $650 - qu'on ne gaspille pas ce passage de frontière si cher sur une randonnée ridicule à Pudong ! zhi dao le, dit l'officière, avant d'ouvrir mon passeport à la première page. shi ni ma ? mais évidemment que c'est moi. elle hésite encore. ni shou le hen duo. ouais. merci pour le compliment. sourire ingénu. voici mon portrait : avant - après. hai you ling wai de zhao pian ma ? je lui sort ma carte HKID, dont la photo sans lunettes me ressemble encore moins, rien que pour lui faire plaisir. elle passe mes documents d'identité à un autre officier pour un deuxième avis. il fronce les sourcils, les comparare méticuleusement, enfin - tamponne le tout d'un encre rouge sang. vous, par contre, vous avez grossi. suffit d'un visage asiatique sur un passeport américain en route à Paris, les chinois n'auront jamais fini de se gourer sur ma gueule. après, je suis là. je me retrouve en territoire français. je suis perdue à St-Thibault banlieue rer-est parmi la famille sinophone de j. je suis amusée par le laconisme très efficace du transport parisien : pendant que le mtr hongkongais annonce le prochain arrêt en phrase complète et en trois langues officielles, le rer prévient tout juste le nom de la station, d'une même voix onctueusement féminine, à deux reprises - la première en route, sous forme d'une question ; la deuxième à l'arrivée, sous forme d'une réponse. Val de Fontenay ? Val de Fontenay. avant ? après. notre première sortie en ville nous amène dans le 11e, où je suis (dés)enchantée de découvrir de mes propres yeux les boutiques textiles des gens de Wenzhou venus vendre leurs vêtements - en gros, svp. ils affichent leur interdiction de vente au détail juste au-dessus de la pub pour une pièce de August Strindberg. par ailleurs, quelques noms qui m'éverveillent, entre la République et la Bastille, en passant par le quartier des tailleurs sans-papiers : Au Drapeau Français ; Au Pain de Candide ; Bien Sûr immobilier ; Ça Me Plaît prêt-à-porter; Belle et Coquine ; Jules et Jim. au coin des rues Chemin Vert et Popincourt : à l'enseigne, Boulangerie Française et Viennoise ; en vitrine, des robes kitschs sur des mannequins sans tête. avant, la vieille europe. après, la nouvelle asie ? avant-première de notre charmant futur studio rue la Vacquerie, suivi d'une visite chez sy à Richard Lenoir. malgré le bel endroit avec vue sur les toits au-dessus du boulevard, sy s'apprête à partir, à quitter Lutèce et les parisiens avec. ce qui le retient en France pour l'instant, c'est son sourire métallique. son voisin du 5e étage trouve ses claquements de porte "insupportables" ; lui-même est insupporté par la xénophobie et l'hypocrisie des français. de la belle vue de la Bastille au phô dégusté à Belleville, sy est l'après-vente de la vie parisienne. |